Noël Jules JOLY

Noël Jules JOLY, père de mon arrière-grand-père, est né le 25 décembre 1873 à Quarouble (Nord). Il est le fils légitime de Jules JOLY, âgé de 32 ans, et de Cressance Appoline DUEE, âgé de 22 ans. En 1906, Noël est mouleur en creux à la faïencerie d'Onnaing où il vit, rue basse, en compagnie de son épouse Adélaïde PELEZ, qu'il a épousé à Quarouble le 9 décembre 1895, et de ses enfants Alfred, Louise et Noël (mon arrière-grand-père).

Arbre généalogique simplifié de la famille JOLY
Arbre simplifié de la famille JOLY
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Pour la petite histoire, Lucia CARLIER (fille de Druon CARLIER) épouse Noël JOLY (le fils de Noël Jules JOLY) le 24 septembre 1927 à Onnaing.

Portrait de Noël Jules JOLY
Portrait de Noël Jules
(source: Archives Départementales du Nord)

La mobilisation d'août 1914

Selon sa fiche matricule, Noël Jules devient soldat 2e classe au sein du 2e Régiment d'Infanterie Territoriale. En 1914, Les régiments d'infanterie territoriale (R.I.T), sont essentiellement constitués de citoyens anciens nés entre 1875 et 1880. Ils sont surtout assignés à des missions plus statiques, moins exposées: gares, nœuds ferroviaires, ponts, entrepôts, places fortes, etc. Noël, quant à lui, cantonne à Ferrière.

extrait de la fiche matricule de Noël Jules JOLY
Extrait de sa fiche matricule
(source: Archives Départementales du Nord)

Noël et le "Centre de résistance de Rocq"

Selon son dossier d'ancien combattant, Noël Jules fait partie de la 16e batterie du 13e groupe auxiliaire du 1er Régiment d'Artillerie à Pied sous les ordres du capitaine LAFEUILLE (voir document en bas de la page). Pourquoi une telle différence entre la fiche matricule, qui indique le 2e R.I.T, et sa carte d'ancien combattant qui indique 1er R.A.P ? Mystère...!

Les soldats du 1er Régiment d'Artillerie à Pied étaient stationnés sur l'ensemble qui prendra le nom de « Centre de résistance de Rocq ».

Le 2 septembre 1914, le bombardement reprend sur les ouvrages du secteur attaqué : Bersillies, la Salmagne, le Fagnet et Boussois. Les ouvrages de Rocq et de Cerfontaine continuent à être bombardés à une cadence régulière. Aux batteries de Rocq, artilleurs des 1e et 3e régiments à pied et fantassins du 1er territorial opposent une belle résistance.

L'entrée du Fort de Cerfontaine
Le Fort de Cerfontaine
(source: http://www.mapio.cz/ )

Le 3 septembre, un déluge d'obus allemands, de gros calibres, du 210 et du 420, tombe pendant 2 jours sur les secteurs de Fagnet, la Salmagne, Boussois, Cerfontaine et Rocq où est cantonné Noël JOLY.

Le Centre de résistance de Rocq résistera héroïquement, plus d'une semaine, jusqu'au 6 septembre 1914, date à laquelle le secteur nord-est donne des signes de craquement. Le matin, au sud-est, une attaque est repoussée devant la position de Rocq. Au nord-est, deux attaques échouent mais une troisième parvient à enlever l'ouvrage de la Salmagne. Celui de Bersillies succombe à son tour le soir.

carte de l'emplacement des forts de la place forte de Maubeuge et la position des troupes le 3 septembre 1914
L'emplacement des forts de la place forte de Maubeuge
et position des troupes le 3 septembre 1914
(Source : Das Ehrenbuch der Deutschen Schweren Artillerie - Tome 1)

La chute de Maubeuge

Le Gouverneur fait rassembler les drapeaux de la garnison le 4 septembre. Ils sont au nombre de neuf, ce sont ceux des 145e et 345e d'infanterie, des 31e et 32e colonial, des 1e , 2e , 3e et 4e territorial et enfin celui du 1er régiment d'artillerie à pied. Le lendemain, à 7 heures du matin, les drapeaux de la garnison sont brûlés dans le jardin du Pavillon, près de la Caserne Joyeuse, en présence d'un piquet de marsouins qui rend les honneurs. Le capitaine Prévost commande la cérémonie qui émotionne fortement les assistants.

La caserne Joyeuse de Maubeuge avant la Première Guerre Mondiale
La Caserne Joyeuse à Maubeuge
(source: Delcampe)

Prisonnier en Allemagne

Noël Jules est fait prisonnier le 7 septembre. Les troupes françaises de Maubeuge capturées à Maubeuge sont ensuite rassemblées à Rousies et une partie (dont Noël Jules JOLY) est envoyée en internement à Friedrichsfeld (Allemagne) et Münster III. Noël sera interné à Münster III du 7 septembre 1914 au 18 décembre 1918.

Le camp de prisonniers de Friedrichsfeld sur une carte postale ancienne
Une baraque à Friedrichsfeld
(source: Delcampe)

Noël Jules est libéré le 18 décembre 1918 et envoyé en congé illimité le 11 février 1919 par le 1er d'artillerie. Il se retire à Onnaing, rue Émile Zola.

L'après guerre de Noël

Le 9 septembre 1929, Noël Jules se voit délivrer une carte d'ancien combattant par le comité départemental. Il habite alors 30 rue Voltaire à Onnaing.

Carte d'ancien combattant de Noël Jules JOLY
Carte d'ancien combattant ayant appartenu à Noël
(source: Archives Départementales du Nord)

On retrouve la trace Noël sur le recensement d'année 1931 pour la ville d'Onnaing. On y apprend qu'il vit toujours rue Voltaire, en compagnie de son épouse Adélaïde, sa fille Marie (née en 1906), de Marc (époux de Marie) et Marcel (fils de Marc et Marie). Noël est poinçonneur chez Venot-Peslin.

La Société de Construction et d'Onnaing "Venot et Cie" a été fondée en 1894 par Auguste Emile VENOT, un bourguignon, qui a été successivement traceur aux chantiers navals de La Ciotat et aux forges de Montataire, dessinateur aux ateliers Eiffel, directeur technique de la fonderie Questroy à Tourcoing, directeur d’une usine métallurgique, et enfin administrateur des E.M.O. En 1920, suite à l'absorbtion de la Société Thomas-Peslin et Cie d'Anzin, dont la spécialité est la construction de machines d'extraction et des compresseurs d'air pour les mines, Venot et Cie devient Venot, Thomas Peslin et Cie. Elle deviendra Venot-Pic quelques années plus tard, mais ça, c'est une autre histoire.

Les usines Venot à Onnaing sur une carte postale ancienne
Usines Venot et Cie
(Source: Archives municipales de Valenciennes)

Le 3 décembre 1947, Noël Jules apprend qu'il n'a plus droit à la carte du combattant au titre de l'article 2 du décret du 1er juillet 1930. En effet, il était présent au 1er Régiment d'Artillerie à Pied comme auxiliaire d'artillerie de places fortes et il s'agissait d'un « emploi non combattant ». Il faut bien comprendre que les régiments de territoriaux constitués par des hommes de 43 à 49 ans n'avaient pas pour vocation principale de participer à des combats mais plutôt d'occuper toutes les tâches non combattantes.

Extrait du dossier d'ancien combattant de Noël Jules JOLY
Extrait de son dossier d'ancien combattant
(source: Archives Départementales du Nord)

Noël Jules est décédé à Onnaing (Nord) le 9 avril 1946.