Louis GRAIN (1876-1956)

Louis GRAIN, le père de mon arrière-grand-mère, est né le 25 juin 1876 à Villers-Guislain (Nord). Il est le fils légitime de Louis GRAIN, domestique âgé de 19 ans et Joséphine VELU, âgé de 17 ans. Le 18 mai 1895 à Villers-Guislain, il épouse en premières noces Martine VELU (1875-1935). Son frère Léon Albert a lui aussi été mobilisé durant la Grande Guerre. En 1906, Louis est tisseur et vit à Villers-Guislain (Rue Neuve) en compagnie de son épouse Martine, ses filles Marguerite et Marthe, et son fils Marcel.

Arbre généalogique simplifié de la famille GRAIN
Arbre simplifié de la famille GRAIN
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Extrait de la fiche matricule de Louis GRAIN
Extrait de sa fiche matricule
(source: Archives Départementales du Nord)
Liste des domiciles de Louis
Date Adresse
1906 Rue Neuve
à Villers-Guislain (Nord)
1911 Rue de Merlan
à Bétheniville (Marne)

La mobilisation d'août 1914

Lors de la mobilisation, Louis est âgé de 38 ans et est le père de 6 enfants: Marguerite, Marthe, Marcel, Maurice, Fortunée et Hélène (mon arrière-grand-mère). Il rejoint le 3e Régiment d'Infanterie Territoriale qui cantonnait à Hautmont. Au début de la guerre, Les régiments d'infanterie territoriale (R.I.T) sont essentiellement constitués de citoyens anciens nés entre 1875 et 1880. Ils sont surtout assignés à des missions plus statiques, moins exposées: gares, nœuds ferroviaires, ponts, entrepôts, places fortes, etc.

Durant le mois d'août, Louis et ses compagnons du 3e Régiment d'Infanterie Territoriale étaient affectés au 1er secteur qui comprenait le centre de résistance avancé, les centres de résistance du fort Grévaux et du fort d'Hautmont.

carte de l'emplacement des forts de la place forte de Maubeuge et la position des troupes le 3 septembre 1914
L'emplacement des forts de la place forte de Maubeuge
et position des troupes le 3 septembre 1914
(Source : Das Ehrenbuch der Deutschen Schweren Artillerie - Tome 1)

L'attaque des allemands

Le 2 septembre, les bombardements reprennent sur les ouvrages du secteur attaqué : Bersillies, la Salmagne, le Fagnet et Boussois. Les ouvrages de Rocq et de Cerfontaine continuent à être bombardés à une cadence régulière. Aux batteries de Rocq, artilleurs des 1e et 3e régiments à pied et fantassins du 1er territorial opposent une belle résistance.

Les drapeaux de la garnison sont brûlés

Deux jours plus tard - le 4 septembre - le Gouverneur fait rassembler les drapeaux de la garnison. Ils sont au nombre de neuf, ce sont ceux des 145e et 345e d'infanterie, des 31e et 32e colonial, des 1e , 2e , 3e (celui de Louis) et 4e territorial et enfin celui du 1er régiment d'artillerie à pied.

Les drapeaux de la garnison sont brûlés le lendemain à 7 heures du matin dans le jardin du Pavillon, près de la Caserne Joyeuse, en présence d'un piquet de marsouins qui rend les honneurs. Le capitaine Prévost commande une cérémonie qui émotionne fortement les assistants.

La caserne Joyeuse à Maubeuge avant la Première Guerre Mondiale
La Caserne Joyeuse à Maubeuge
(source: Delcampe)

C'est fini pour Maubeuge...

Le 7 septembre, à 11 heures 30, le Drapeau blanc est aperçu sur un clocher de Maubeuge. La Place de Maubeuge a capitulé. Louis GRAIN et ses compagnons du 3e Régiment d'Infanterie Territoriale furent entièrement faits prisonniers et furent parmi les 45 000 combattants de la poche de Maubeuge à être internés dans les camps allemands dont celui de Chemnitz, entre Dresde et Zwickau, où ira Louis.

le camp de Chemnitz (Allemagne)
Le camp de Chemnitz
(source: Delcampe)
Louis GRAIN prisonnier au camp de Chemnitz pendant la Première Guerre Mondiale
Louis au camp de Chemnitz
(source: Xavier B.)

Selon son dossier d'ancien combattant, Louis est libéré du camp de Chemnitz le 8 janvier 1919.

Carte d'ancien combattant de Louis GRAIN obtenue en 1935
Carte du combattant de Louis (1935)
(source: Xavier B.)

...mais à Villers-Guislain, la guerre arrive.

Dans son ouvrage "La France Occupée", Philippe Nivet raconte que le village de Villers-Guislain, où sont nés Louis et Léon Albert GRAIN, est occupé depuis 1914. En 1916, les Allemands ont demandé à la mairie une dizaine de jeune fille pour placer les cartouches dans les bandes de chargement; comme aucune volontaire ne s'est présentée, les Allemands en ont emprisonné 4 pendant 2 heures et ont fait savoir qu'ils mettraient toutes les filles en prison si la commune ne présentaient pas des volontaires. Six jeunes filles se sont finalement résignées à la faire le travail exigé.

Le conflit terminé, Louis GRAIN retourne vivre à Bétheniville, le recensement numérisé par les Archives départementales de la Marne nous apprend par exemple qu'en 1936, il vit Chemin Noir à Bétheniville, avec son épouse.

Extrait du recensement de Bétheniville pour l'année 1936
Le recensement de 1936
(source: Archives départementales de la Marne)

Louis est décédé le 18 octobre 1956 et repose au cimetière de Bétheniville (Marne) en compagnie de son épouse Martine VELU (1875-1937) et de son fils Maurice GRAIN (1906-1959).

Tombe de la famille GRAIN au cimetière de Bétheniville
Tombe de la famille GRAIN
(source: Xavier B.)

1 En cas de guerre, la classe première à marcher pouvait être appelée par anticipation. C'est pourquoi l'armée active comprenait également en août la classe 1913 (hommes nés en 1893) qui n'aurait dû être appelée qu'à l'automne.